Mercaptan, molécule

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La nuit dernière, j’ai fait un drôle de rêve : l’usine d’une de nos marques chéries produisait un nuage imprévu. Une cuve défectueuse s’était soudain mise à fuir, propageant un bouquet floral de Saint Jean de Braye à Paris. 7h00, les parisiens se faisaient réveiller par cette délicieuse odeur, des notes troublantes et sensuelles de jasmin indien. Quoi de plus agréable que d’être éveillé en douceur et délicatesse, par un effluve qui vous caresse ? 12h00, sa note fruitée aiguisait notre appétit et exacerbait notre convivialité ; les conversations se faisaient plus enjouées, voire futiles, les déjeuners s’éternisaient aux terrasses de café. Cette fleur sublime distillait ainsi tout au long de la journée sa bonne humeur irradiant les promeneurs d’une euphorie inattendue. Les fleuristes ne désemplissaient pas, les demandes en mariage se multipliaient, et un record de fous rires était enregistré. … 18h, la facette animale commençait à monter, oups, pardon, des mains se rencontraient de façon furtive, des lapsus plus que révélateurs provoquaient des situations compliquées, il était temps de rentrer chez soi. 20h00, le journal apprenait enfin à la population ébahie la raison de leur trouble : un nuage « non toxique » de jasmin venait de les frapper.

Hélas, c’était bien un rêve, exit les câlins, les rires et la sensualité, à nous le mercaptan et son odeur de putréfaction, entre le souffre, le pipi d’asperge, et le chou fermenté. « Non toxique », est le mercaptan ? (ou méthanethiol) Ce gaz irritant, pouvant provoquer nausées et problèmes pulmonaires ? Une odeur de fin de monde pour nous punir d’avoir survécu. Alors que le jasmin… cette matière qui ne sera bientôt plus qu’une fleur de révolution est une essence qu’on utilise bien trop peu pour qu’elle ne fuie de nos usines.

La publication a un commentaire

  1. Aaricia

    Je ne suis pas d’accord. Toutes les odeurs ont le droit de vivre ! J’ai vécu quasiment toute ma vie dans une ville proche d’une zone portuaire à dominante chimique (la ville du Havre). Certes, ça sentait par moment (moins aujourd’hui qu’hier et plus que demain…). Ca sentait ces fameux dérivés du mercaptan : furfurylmercaptan et autres propylmercaptans. La plupart sont désagréables, c’est vrai, mais pourquoi fermer son nez aux odeurs désagréables ?
    Je suis étonnée qu’on associe « odeur qui pue » et nocivité quand on s’intéresse un peu aux odeurs. Le camembert, ça pue. Est-ce nocif ? Il y a du scatol dedans, en pagaille, oui, le scatol, la molécule qui est aussi présente dans ce fameux jasmin… et accessoirement dans nos fèces…
    Le furfurylmercaptan sent le café. Une molécule très proche, dont j’ai oublié le nom, l’ail. 2 odeurs fortes mais que j’associe, moi, à de bonnes odeurs…
    Les goûts et les couleurs…
    Sans rancune ?
    Aa

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