Le laolao du Berrichon du Mékong

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« Une riche existence » ! S’exclame le Monsieur de 77 ans, fier de donner son âge. « C’est ce qu’ils ont noté dans le routard ! » Effectivement Inpong a eu une riche existence, c’est ce que nous découvrons autour de tous les alcools que l’hôte sort au fur et à mesure pour nous les faire goûter.

Inpong partage sa vie entre le Berri et le Laos. « 52 ans ! J’ai connu la France plus longtemps que vous «  s’amuse-t-il.

« Avez vous déjà goûté le Mak Mao, c’est un vin à base de fruits rouges ! » Nous aborde t-il à la tête de la longue tablée qu’il offre à toutes les personnes qui travaillent ici. Inpong s’est installé à sa retraite dans sa région d’origine, « tel un saumon qui revient à sa source » et laissant 4 de ses 5 enfants « coloniser la France. » Il a investi en achetant les terrains autour de la cascade de Tad Yuang et l’état lui a accordé la concession du lieu touristique sur le plateau des Bolavens. Il y exploite plusieurs hectares de café. Le personnel semble très heureux de travailler avec ce personnage haut en couleurs : »j’ai tjs pensé qu’on travaillait mieux dans la bonne humeur ! »

Si cela consiste à partager tout ce qu’on a, quelle belle leçon !

-« Vous connaissez le laolao ? J’en fais un à la citronnelle ! « Le laolao est l’alcool de riz national. Ils en préparent dans tous les villages de minorités et je n’ai jamais osé le goûter, me méfiant du prix très bas de l’alcool. Je termine ma bière et mon verre de Mak Mao (très bon d’ailleurs, a mi chemin entre le martini et le kir).

Le Laolao nous permet d’écouter son récit sur la Princesse de Thaïlande. Elle est venue 2 fois dîner chez lui, ce qui fait de lui une star dans la région. La première fois, il a été prévenu la veille de son arrivée. Mais son restaurant n’était accessible à l’époque que par un chemin de terre, comment faire ? Il a donc fait construire un escalier en bois entre 5:00 du soir et 9:00 du matin pour qu’elle puisse marcher. Après une nuit de travail, Inpong regarde l’escalier mais trouve que le bois brut n’est pas digne de recevoir les pieds d’une princesse : « pouvez vous le peindre ? » – « on n’a plus le temps, elle va rester collée ! Hum… avez vous un sèche cheveux ? », demande l’artisan. Et les voilà partis pour sécher à la main l’escalier qui accueillera les pieds royaux.

Vous voulez goûter un autre Laolao ? Nous sommes prêts à refuser de peur qu’ils nous proposent celui qu’il fait au scolopendre (tres bon pour l’arthrose). Tanguy, son apprenti pâtissier nous avait montré une vidéo expliquant comment il procède : l’insecte est mis vivant dans l’alcool afin qu’il crache son venin aux vertus thérapeutiques.

– « J’en ai un à la cardamome ! – « Ah dans ce cas, je ne peux refuser. C’est bon pour digérer ! » Il faut dire qu’entre temps les plats ont défilé et il faut faire de la place…

« Vous savez que j’ai rencontré Jean d’Ormesson ! Il visitait la grotte de Pak Ou [à Luang Prabang] et je l’ai abordé en mentionnant son nom. Il me fait « on se connaît ? » -« Je doute que vous me connaissiez mais moi je vous connais ! » lui répond-il ! Et de fil en aiguille, il se retrouve convié à déjeuner avec lui à la coupole à Paris, invitation qu’il a bien sûr honorée avec grande fierté !

-« Il me reste du Laolao au café… » Mon cadet a sorti son carnet de dessin pour faire son portrait, nous sommes bons pour rester !…

Après mille histoires scandées dans un francais impeccable, et quelques verres de plus que l’apéro initialement prévu, nous repartons tout joyeux. Tanguy nous offre des rochers noix de coco-citron vert, une se ses spécialités qui lui annoncent un brillant avenir ! (À manger de toute urgence)

Si vous passez par Tad Yuang, n’hésitez pas à saluer Inpong, vous ne le regretterez pas !

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